Des néons, des punaises, des portes: chronique

DISCLAIMER: Je ne suis pas un expert des deathmatchs pantoute. Je n’ai pas écouté tous les TOD de Combat Zone Wrestling ou tous les classiques japonais. J’aime ben ça pareil et j’ai le goût de vous en parler.

Novembre 2018. Je viens de terminer les quatre Scream et je vois passer sur Reddit que David Arquette est pour lutter dans un deathmatch contre un certain Nick Gage à GCW Joey Janela’s LA Confidential.Je n’avais aucune idée qui était ce monsieur Gage et je ne savais pas trop ce qu’était un deathmatch non plus, sinon une énième façon de décrire un match hardcore. J’étais seulement curieux de voir Deputy Dewey manger une chaise par la tête. Je connaissais GCW de nom en raison de l’excellent match entre PCO et Walter qui avait eu lieu quelques mois plus tôt.

En gros, le show avait lieu dans un entrepôt, je ne connaissais personne sur la carte, la diffusion a planté pendant le match de Brody King et Hardcore Holly (il a été remis sur la chaîne GCW, si ça t’intéresse de voir Hardcore Holly avec tatouages)et le main event était complètement awkward. Nick Gage a failli tuer David Arquette avec un néon et ce dernier a no-sell la fin du match et pour aller se soigner derrière. Au moins, j’ai compris l’essentiel pour apprécier GCW un minimum: Nick Gage est un estie de fou. Et c’est selon moi le Babyface le plus over des indy. 

Quelques mois plus tard, je me suis réessayé avec GCW To Live And Die In LA, en grande partie parce que c’était tout ce que je pouvais m’acheter avec les crédits FITE TV que j’avais. Aussi parce que Joey Ryan avait un match contre un certain Orange Cassidy (que je ne connaissais pas) et que j’ai encore un sens de l’humour. Et là, wow. L’événement a peut-être 5.70/10 sur Cagematch, mais j’ai eu du fun au boute. C’est pas mal ce que tu peux t’attendre avec GCW: plusieurs découvertes (Tony Deppen, Jake Atlas, Jungle Boy, G-Raver, Drew Parker), un soupçon de comédie (Joey Ryan vs Orange Cassidy) puis finalement, et c’est vers là que je veux enligner cette chronique, des matchs ultraviolents. OK, Gage contre Arquette c’était relativement violent, mais j’ai vite compris que ça n’avait rien à voir avec un deathmatch qui n’est pas limité par la présence d’un acteur de 48 ans. Des néons, des punaises, des barbelés, des portes (pas des tables), des brochettes à steak, des aiguilles à tatouage, name it. C’est là quelque part.

Sur le coup, j’étais sous le choc. Je ne voyais pas de technique, juste du sang. D’abord, faut dire que je n’ai jamais été à l’aise avec les blade jobs. On m’a tellement conditionné à voir un coup de chaise comme un finishing move que de voir quelqu’un se relever après s’être fait péter 10 néons sur la tête m’apparaissait instantanément absurde, illogique… stupide même. Pis peut-être que ça l’est. Ça dépend de la lunette que tu utilises. Je pense qu’un deathmatch ne s’apprécie pas de la même façon qu’un match de la E, au même titre qu’un album de Cannibal Corpse ne s’apprécie pas de la même façon qu’un album de Fozzy, mettons. Soyons clair, les deathmatchs, ce n’est pas pour tout le monde. Pour continuer le parallèle avec la musique extrême, il y en a que ça défoule, il y en a d’autres que ça agresse. Ensuite, certains dénigreront le genre en disant que les lutteurs prennent trop de risques pour la paie qu’ils reçoivent en retour. On ne le sait pas vraiment combien ils gagnent. Ce ne serait pas étonnant que ce ne soit pas des gros salaires, considérant que c’est très niche. Personnellement, je vois ça comme un témoignage de leur passion et je trouve ça inspirant. On devrait souhaiter aux lutteurs d’être payés plus plutôt que de les dénigrer parce qu’ils gagnent moins.

Maintenant, je vais étaler, un peu pêle-mêle, quelques réflexions que je me suis faite sur les deathmatchs :
Ce qui est malaisant souvent, c’est que c’est censé te rendre inconfortable. On peut se sentir coupable aussi, des fois, de voir quelqu’un se faire mal comme ça. D’un côté, je suis curieux de les voir repousser leurs limites et en même temps les miennes, mais de l’autre, je ne veux pas nécessairement voir du monde se battre avec des couteaux juste parce que c’est sur un stage. En tout cas, je me dis qu’il faut garder en tête que ce sont des adultes consentants qui se pètent des néons sur la tête pour notre divertissement. D’une certaine façon, voir Ibushi prendre des gros bump sur la nuque semaine après semaine à la NJPW, c’est violent aussi. Faut pas se le cacher. Dès qu’un lutteur embarque sur un ring, il va se faire mal. Ça fait partie de l’art. L’ultraviolence pousse ça à l’extrême.

Y’a rien de fake dans un coup de néon dans poire. Dans un deathmatch, j’arrive plus facilement à laisser de côté le caractère prédéterminé de la lutte. Un bon match en général arrive à faire cela, mais c’est plus long. Là, comme la violence est réelle, on dirait que j’accepte plus rapidement de voir le match comme un vrai combat. Ça me ramène à quand j’étais petit.

Les gros spots, souvent ceux qui terminent les matchs, sont très chorégraphiés et je pense que ça peut nuire à l’immersion. En même temps, si j’avais à me garrocher à travers une vitre accotée sur quatre chaises chambranlantes, moi aussi je prendrais mon temps. Ça paraît que le spot se prépare, mais ça n’enlève pas nécessairement à l’intensité de la chose. Force est d’admettre que sur place je crierais quand même HOLY SHIT. 


 C’est ben beau la violence, mais ça prend un minimum de structure pour que ce soit intéressant. Beaucoup d’entre vous qui m’avez écrit (merci) m’ont mentionné être tombés amoureux avec le genre avec la CZW du début des années 2000. On dirait que je n’ose pas trop m’aventurer là, parce qu’en regardant vite vite, je vois surtout des gars qui m’apparaissent peu impressionnants côté lutte. Peut-être que je me trompe. Aidez-moi à me tromper. Suggérez-moi des matchs. Voici un extrait qui ne m’encourage pas à explorer plus loin dans le vieux CZW :


 Un spot qui arrive souvent: le lutteur mange un gros coup ou une grosse prise et se relève après un 1-count. Pop assuré dans la foule à chaque fois. Selon mes observations, les lutteurs ont droit une ‘’résurrection’’ dans le genre par match.

 Il y a trop peu de personnages dans le deathmatch. Les gimmicks se font trop rares. Comme si ce n’était pas nécessaire, comme si les douleurs absurdes qu’ils s’infligent entre eux étaient suffisantes en soi pour réaffirmer le caractère plus-grand-que-nature de leurs personnages. 

 La créativité tu la retrouves avec les armes, puis avec l’utilisation de celles-ci. C’est comme un laboratoire de violence. Pas étonnant que la moitié des lutteurs deathmatchs arrivent avec des tatouages de Slasher comme Friday the 13th ou Nightmare on Elm street. Le gros intérêt de ces films pour moi, c’est de voir des kills originaux.

 Comme dans un match strong-style à la NJPW, le plus intéressant pour moi, c’est l’espèce de combat d’orgueil qu’on peut souvent voir entre les protagonistes. À la New Japan, c’est des duels de chops jusqu’à ce mort s’en suive. Dans un deathmatch, c’est la même chose, mais tu remplaces les chops par des néons.

 Dans la lutte, il y a le côté imprévisible qui vient avec la performance devant public. Comment les lutteurs vont rattraper un botch. Essayer de voir quand est-ce qu’ils improvisent. Dans les deathmatchs, le caractère imprévisible des armes utilisées ajoute beaucoup au match. Tu ne peux pas prévoir comment le barbelé va réagir. Des fois, c’est un désavantage et on a pu voir des événements dans la dernière année où un lutteur a dû quitter à cause d’une trop grande blessure. La plupart du temps, ça rajoute un thrill supplémentaire, un vrai risque.

Toujours possible de m’écrire au cestjustedelalutte@gmail.com

-Gab.

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Famille, lutte et baladodiffusion.